"La ville qui n'existait pas" par Enki BILAL et Pierre CHRISTIN
Les années 1970 virent l'éclosion du talent d'Enki BILAL et quelques-uns de ses plus beaux albums : "La croisière des oubliés" en 1975, "Le vaisseau de pierre" en 1976, "La ville qui n'existait pas" en 1977, "Les phalanges de l'ordre noir" en 1979 (le meilleur)... et plus tard en 1983 "Partie de chasse".
On peut parler de deux périodes dans le travail BILAL : avant et après NIKOPOL, voir même d'une troisième depuis qu'il ne fait plus des BD comme tout le monde. (Le sommeil du monstre). Je dois dire que cette troisième étape artistique me laisse totalement de glace. J'y vois plus la réussite d'un artiste/homme d'affaire plutôt que celle d'un auteur reconnu. Je trouve qu'il y a comme une posture dans son travail, une manière de se mettre à part du monde de la BD mais pas complètement quand même. Disons que ça serait pas mal s'il reprenait le fil de ses idées et accessoirement des scénarios cohérents et intelligibles. On pourrait y voir quelque part une sorte de convalescencel après ses travaux avec CHRISTIN...
"La ville qui n'existait pas" n'est pas le meilleur album de la première période mais il en reprend les thèmes principaux, avec la lutte des classes en toile de fond et la dure vie des petites gens. Mais il est toujours très d'actualité et vraiment caractéristique d'un dessin social à la française. BILAL, c'est un style à lui tout seul, comme HERGE a pu l'être avant lui en Belgique. Toujours copier, jamais égalé comme dirait l'autre !
L'album nous plonge dans le Nord de la France à la fin des années 1970. Grève à la cimenterie, prolo contre patron, l'ambiance est posée comme l'humidité et le vent froid qui souffle dans ces pages. Mais le patron décède à 93 ans laissant comme seule héritière une fille handicapée encore pleine d'espoir. Mais ne reste-t-il pas qu'une place pour la désillusion ?...
Indispensable BILAL (doublé d'un cinéaste original).
16/20